Parlement européen : proposition de système de notification des PAN
Le député européen Francisco Guerreiro a proposé cette semaine d'ajouter les phénomènes anormaux au règlement de l'UE sur les moyens de signaler les incidents aériens.

Proposition
La première partie de la proposition de Guerreiro, rapportée pour la première fois par le journaliste Andreas Müller, établit un diagnostic de la situation concernant les phénomènes anormaux non identifiés. Elle indique que le sujet est toujours stigmatisé, ce qui empêche la collecte de données pour la communauté scientifique, et que de nombreuses rencontres ne sont pas signalées. En outre, la proposition souligne que seuls les "pilotes professionnels et leurs équipages" sont autorisés à faire des rapports dans la législation actuelle.
Enfin, elle fait référence à un nouveau projet de loi américain visant à faciliter le signalement des PAN et à empêcher les équipages de subir des représailles s'ils décident de le faire.
La deuxième partie de la proposition demande à l'UE de formuler une "méthodologie commune pour le signalement et l'analyse des observations de PAN". Les données seraient ensuite intégrées dans une "base de données harmonisée de l'UE", ce qui permettrait aux États membres d'échanger des informations.
En outre, la proposition "invite la Commission à proposer une mise à jour de la législation actuelle" afin "d'inclure un mécanisme" pour "le signalement et l'analyse des données concernant les PAN dans l'espace aérien de l'UE".
La proposition note que ce mécanisme devrait être étendu aux rencontres pour lesquelles il n'y a "pas de risque immédiat pour la sécurité".
Règlement actuel
Le règlement actuellement en vigueur stipule ce qui suit :
Afin d'améliorer la sécurité aérienne, les informations pertinentes relatives à la sécurité de l'aviation civile doivent être signalées, collectées, stockées, protégées, échangées, diffusées et analysées, et des mesures de sécurité appropriées doivent être prises sur la base des informations collectées.
Il est nécessaire de veiller à ce que les professionnels de l'aviation de ligne signalent les événements qui présentent un risque important pour la sécurité aérienne. Les systèmes de comptes rendus volontaires devraient compléter les systèmes de comptes rendus obligatoires, et tous deux devraient permettre aux personnes de signaler les détails des événements liés à la sécurité aérienne.
Des systèmes de comptes rendus obligatoires et volontaires devraient être mis en place au sein des organismes, de l'Agence et des autorités compétentes des États membres.
Les organismes devraient envoyer les résultats préliminaires de leurs analyses à l'autorité compétente de leur État membre ou à l'Agence, et devraient également leur envoyer les résultats finaux si ces résultats identifient un risque réel ou potentiel pour la sécurité aérienne.
Diverses catégories de personnel travaillant ou travaillant dans l'aviation civile sont témoins d'événements qui présentent un intérêt pour la prévention des accidents. Elles devraient donc avoir accès à des outils leur permettant de signaler ces événements, et leur protection devrait être garantie.
Les autorités responsables des enquêtes de sécurité et toute entité chargée de réglementer la sécurité de l'aviation civile dans l'Union devraient avoir pleinement accès aux détails des événements recueillis et des comptes rendus d'événements stockés par leurs États membres.
Les organisations devraient stocker dans une ou plusieurs bases de données les comptes rendus d'événements établis à partir des données recueillies dans le cadre des systèmes de comptes rendus obligatoires et, le cas échéant, des systèmes de comptes rendus volontaires.
Un événement impliquant un aéronef immatriculé dans un État membre ou exploité par un organisme établi dans un État membre doit être signalé même s'il s'est produit en dehors du territoire de cet État membre.
L'échange d'informations sur les événements doit avoir pour objectif la prévention des accidents et incidents d'aviation. Il ne doit pas être utilisé pour attribuer des fautes ou des responsabilités ou pour établir des critères de référence pour les performances en matière de sécurité.
Toutes les informations relatives à la sécurité tirées des comptes rendus d'événements recueillis dans l'Union devraient être transférées en temps utile dans le référentiel central européen.
Les parties intéressées devraient avoir la possibilité de demander l'accès à certaines informations contenues dans le référentiel central européen, sous réserve des règles relatives à la confidentialité de ces informations et à l'anonymat des personnes concernées.
Des mesures appropriées devraient être mises en place pour garantir la confidentialité des informations recueillies dans le cadre des systèmes de comptes rendus d'événements et pour restreindre l'accès au référentiel central européen.
Des sanctions devraient notamment être applicables à l'encontre de toute personne ou entité qui, en violation du présent règlement, fait un usage abusif des informations protégées par le présent règlement ; agit de manière préjudiciable à l'encontre du notifiant ou d'autres personnes mentionnées dans les comptes rendus d'événements, sauf dans les cas où les exemptions prévues par le présent règlement s'appliquent ; ne crée pas un environnement approprié pour permettre la collecte de détails sur les événements ; n'analyse pas les informations collectées ; ne prend pas de mesures pour remédier aux manquements à la sécurité ou aux manquements potentiels à la sécurité détectés ; ou ne partage pas les informations collectées en application du présent règlement.
La suite du texte est une liste des procédures et des conditions à respecter. Actuellement, les équipages doivent signaler un large éventail d'événements, tels que :
les événements liés à une collision
les événements en vol
les dysfonctionnements des systèmes ;
les problèmes de propulsion
les collisions, les quasi-collisions ou les risques de collision.
Les organismes de chaque État membre doivent "mettre en place un système de compte rendu obligatoire pour faciliter la collecte des détails des événements" et "Après notification d'un événement, tout organisme établi dans un État membre qui n'est pas couvert par le paragraphe 9 fait rapport à l'autorité compétente de cet État membre" "au plus tard 72 heures après avoir pris connaissance de l'événement".
En ce qui concerne le stockage des informations :
Chaque État membre désigne une ou plusieurs autorités compétentes pour mettre en place un mécanisme indépendant de collecte, d'évaluation, de traitement, d'analyse et de stockage des informations relatives aux événements.
La Commission gère un référentiel central européen pour stocker tous les comptes rendus d'événements recueillis dans l'Union.
Les États membres et l'Agence participent à un échange d'informations en mettant toutes les informations relatives à la sécurité stockées dans leurs bases de données respectives à la disposition des autorités compétentes des autres États membres, de l'Agence et de la Commission, par l'intermédiaire du dépôt central européen.
Toute entité chargée de réglementer la sécurité de l'aviation civile ou toute autorité responsable des enquêtes de sécurité au sein de l'Union dispose d'un accès en ligne sécurisé et complet aux informations sur les événements contenues dans le référentiel central européen.
Pour des raisons de sécurité, les parties intéressées ne se voient pas accorder un accès direct au référentiel central européen.
Les parties intéressées auxquelles il est interdit d'accéder directement au référentiel sont les suivantes :
les organisations internationales de l'aviation
Laboratoires, centres ou universités
les pilotes
les contrôleurs aériens
Étant donné qu'il sera impossible pour les chercheurs extérieurs d'effectuer des recherches directes s'ils n'ont pas connaissance d'un cas au préalable, on peut se demander si une structure d'enquête telle que le GEIPAN français ne pourrait pas être utilisée pour rendre les cas publics "en masse" et permettre la recherche scientifique à grande échelle.
Les propositions de résolution
Le système politique du Parlement européen concernant les propositions de résolution est le suivant :
La proposition de résolution est soumise au Président, qui vérifie si elle remplit les critères applicables. Si le Président déclare la proposition recevable, il l'annonce en séance plénière et la renvoie à la commission compétente.
La commission compétente décide de la procédure à suivre, qui peut inclure la combinaison de la proposition de résolution avec d'autres propositions de résolution ou avec des rapports, l'adoption d'un avis, qui peut prendre la forme d'une lettre, ou l'élaboration d'un rapport conformément à l'article 54. La commission compétente peut également décider de ne pas donner suite à la proposition de résolution.
Les auteurs d'une proposition de résolution sont informés des décisions du Président, de la commission et de la Conférence des présidents.
Une fois que cette proposition de résolution a été ainsi reprise par la commission compétente, seule cette dernière a le pouvoir de la retirer. La commission compétente conserve ce pouvoir de retrait jusqu'à l'ouverture du vote final en plénière.
Conférence sur les PAN du député européen Francisco Guerreiro
Nous avons également appris que le 20 mars à 16 heures, Francisco Guerreiro organisera une conférence sur les PAN avec :
Ryan Graves, directeur exécutif de l'AFSA
Dr. Beatriz Villaroel
Edoardo Russo, directeur du chapitre italien du MUFON
J. Dekkers, Coalition UAP Pays-Bas
Proposition complète
Vous trouverez ci-dessous la proposition complète du député européen Guerreiro :
B9-0194/2024
Proposition de résolution du Parlement européen sur la mise à jour du règlement de l'UE concernant les comptes rendus, l'analyse et le suivi des événements dans l'aviation civile afin d'y inclure les comptes rendus d’observations de PAN
Le Parlement européen,
vu l'article 143 de son règlement,
A. considérant que les phénomènes anormaux non identifiés (PAN) restent un sujet stigmatisé, qui empêche souvent la collecte et l'analyse méthodiques de données par la communauté scientifique ;
B. considérant qu'un nombre important de phénomènes anormaux non identifiés, y compris de nombreuses observations de première main par des pilotes de ligne et leurs équipages, restent inexpliqués ou ne sont pas signalés ;
C. considérant que le règlement (UE) n° 376/2014[1] n'autorise que les professionnels de l'aviation à rendre compte des questions liées à la sécurité ;
D. considérant que des législateurs bipartisans aux États-Unis ont proposé une nouvelle législation (projet de loi HR6967, "Safe Airspace for Americans Act") pour protéger les pilotes civils et le personnel de l'aviation qui signalent des observations de PAN ;
1. Considère que l'Union européenne devrait proposer des lignes directrices pour une méthodologie commune de signalement et d'analyse des observations de PAN, qui pourrait déboucher sur une base de données et un dépôt harmonisés au niveau de l'Union européenne et permettre ainsi un échange technique d'informations entre les États membres ;
2. Demande à la Commission de proposer une mise à jour de la législation actuelle, à savoir le règlement (UE) 376/2014, afin d'inclure un mécanisme de signalement et d'analyse des données cohérent, transparent et non stigmatisant concernant les PAN dans l'espace aérien de l'UE, y compris lorsque ces événements ne présentent pas de risque de sécurité apparent et immédiat pour l'aéronef concerné.
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