PAN : Y a-t-il quelqu'un aux commandes ?
Résumé de l'interview de l'historien Richard Dolan sur Theories of Everything
Lors d’une conversation, Curt Jaimungal a interviewé Richard Dolan, historien renommé du phénomène ovni.
A cette occasion, Curt, répondant à la rumeur sur son absence, explique qu’il s’est mis en retrait du débat car il était déçu et attristé de ne pas voir les choses avancer. Doit-on y voir une remise en question de l’efficacité des auditions du Congrès? On peut se demander, en effet, s’il n’est pas naïf de demander aux gardiens du secret, le Pentagone, de révéler le dit secret, avec le risque de devoir démêler le vrai de la désinformation . Combien d’ufologues, de passionnés, ont déjà tenté cette voie au cours des 40 dernières décennies? Les résultats ne semblent pas à la hauteur des attentes.
Le sujet de la recherche de la vérité, la place des faits et l’herméneutique du soupçon, qui consiste à examiner les faits avec un regard critique à priori, sont abordés d’un point de vue philosophique avec une mise en perspective historique du matérialisme contemporain : collecter quelles données ? Débris ? Témoignages ? Cette manière plus distanciée d’aborder le phénomène ovni ouvre sur l'arrière-plan du phénomène, les interrogations sur la réalité, la nature de l’être humain et Dieu.
Dolan évoque son prochain livre à paraître en mai 2024, dans lequel il présente 600 cas d’ovnis classés en 15 catégories. Ce travail lui permet d'affirmer, que les OSNI, objets sous-marins non identifiés, sont un vrai sujet de préoccupation en matière de sécurité pour la Marine américaine, comme l'a déjà souligné l’Amiral Gallaudet.
La problématique de la divulgation
Richard Dolan soutient l’idée qu’un débat public sur les PAN est nécessaire. Il salue particulièrement l’initiative du Congrès et celle du Parlement européen. C’est aller dans le bon sens et d’autres révélations arrivent dans les mois qui viennent. Pour lui, les révélations obtenues ces dernières années sont inédites et importantes car il partage l’idée de Sean Kirkpatrick selon laquelle les données sont nécessaires pour avancer.
Mais, “nous n'avons pas eu de bonnes données sur le sujet des OVNI” déplore-t-il. . Habituellement, il s'agit de données physiques ou électroniques : des rapports d’incidents, des vidéos, voire des débris d’origine militaire. Pour l'invité, la focalisation sur les informations du Pentagone et autres institutions, même lorsqu’il s’agit d’informations déclassifiées, conduit à une vision trop partielle du phénomène. Le sujet PAN, “c’est une question bien plus profonde que tout ce qui est réellement discuté dans le domaine public”.
L’historien pense que ces données matérielles sont l’arbre qui cache la forêt des témoignages insuffisamment pris en compte jusqu’à maintenant. Il parle de “milliers de témoignages oculaires d'OVNIS, sur 70, 80 ans ou plus, qui sont juste balayés”. . Il est horrifié par l’aveuglement qui conduit à ignorer “des choses aussi dramatiques que des rencontres personnelles ainsi que des enlèvements, ou des enlèvements présumés, ou des expériences de contact présumées”. Pourtant, notre espèce, l’espèce humaine est particulièrement douée pour écouter, entendre, bref observer ce qui nous entoure. Comment expliquer dans ces conditions ce manque d’intérêt ?
La prise en compte de ces témoignages serait lourde de conséquences pour les gouvernements. Richard Dolan prend pour exemple le cas de mutilations de bétails dans les années 70. A partir de 1973, le Nouveau-Mexique, le Colorado et le Nebraska sont touchés par une vague d'attaques de bétail. Le FBI, sollicité par des parlementaires pour enquêter, va décliner. Finalement, un bureau d’enquête sera financé au Nouveau-Mexique et conclura que ces mutilations sont le fait de prédateurs et de charognards. Imaginons que l’enquête ait conclu à l’existence d’entités étranges, disposant de technologies avancées et inconnues se rendant coupable de ces faits. L’Etat aurait dû s’expliquer, ce qui était impossible car il ne comprenait tout simplement pas le phénomène.
Pour l'invité, le problème est exactement le même aujourd’hui. Admettre les “abductions" par exemple, obligerait le gouvernement à reconnaître qu’il ne comprend pas qui en est à l’origine. Il devrait aussi préciser depuis combien de temps il est au courant, ce qu’il a fait, ou les accords potentiels qu’il aurait passé avec les entités. Questions gênantes, il faut l’avouer. Si le gouvernement accepte de prendre en compte les témoignages, il lui faudra avouer à la fois son impuissance, ses mensonges et probablement ses compromissions. L’objectif est donc de garder un contrôle absolu sur le narratif, et Richard Dolan doute sérieusement de la possibilité d’une divulgation.
L’empire et ses factions
L’information est plus difficile à contrôler aujourd’hui remarque l’historien. Le développement d’internet et des technologies liées à l’informatique favorisent la curiosité. Le nombre de gens qui recherchent des informations, les vérifient et les diffusent s’est considérablement accru ces dernières années. Ce mouvement d’accès à l’information inquiète les gouvernements qui commencent à prendre des mesures pour limiter la liberté d’expression et d'information.
C’est une situation délicate pour l’Etat qui tente de garder la main de différentes manières. Richard Dolan pense que nous assistons à la mise en place “d’un contrôle numérique centralisé des populations” au niveau mondial, “une sorte de version douce du totalitarisme”. Mais comme chacun sait, le contrôle favorise les théories du complot. Amusé, l'invité endosse sa casquette de complotiste et nous en cite quelques-unes : JFK, 911, le Covid...et les ovnis. Le sujet des PAN serait la plus grosse et la plus ancienne de ces théories. Dès lors que le gouvernement avouera l’existence d’un complot destiné à dissimuler la réalité du phénomène ovni, la population serait en droit de l’interroger sur les autres théories du complot. Certains objecteront qu’il a déjà admis l’existence des PAN. Mais notre historien souligne que d’une part cela a été admis à huis clos, dans des briefings classifiés, et que d’autre part on a laissé planer un doute sur une potentielle origine russe ou chinoise. Ils ont seulement admis “qu'il existe des PAN qu'ils n'ont pas été en mesure d'expliquer”. Ils n’ont pas expliqué la rencontre du Nimitz par exemple, qu'il serait absurde d'attribuer à un engin étranger. Pour Richard Dolan, tout ceci n’est pas de la divulgation.
A ce stade, il y a deux forces en présence, les chercheurs de vérité, nombreux aujourd’hui et le gouvernement qui cherche à garder le contrôle. On pourrait imaginer que celui-ci est dans une démarche de divulgation contrôlée, pour ne pas choquer la population. Et en effet l'invité est convaincu qu’une “très lente acculturation est probablement une approche intelligente”. Car “la réalité de ce dont nous parlons est, sans aucun doute, une sorte de compréhension profondément différente de la vie, de l'univers, de tout” comme l'a dit Douglas Adams, cela ne peut que bouleverser notre société. Cependant, l’historien ne croit pas à une tentative de divulgation contrôlée de la part du gouvernement dans son ensemble, car il n’est pas une entité unifiée. Il s’agit plutôt de tentatives de certaines factions d’informer le public.
Pour Richard Dolan, quand on parle des USA, nous ne sommes pas face à un Etat mais à un empire et le gouvernement est l’institution qui le dirige. A notre époque, “il s’agit de constater que ce pouvoir se fracture et se brise dans toutes les directions”. Il le compare à la Rome antique, qui après avoir créé des institutions très efficaces, fut en quelque sorte victime de son succès et mise en échec en raison de sa taille et des nouvelles populations intégrées. De la même façon aujourd’hui, “les institutions américaines ne dirigent plus réellement cet empire mondial", affirme l'invité, il “est géré par la collaboration d’argent privé, de tonnes d’argent privé, de sociétés privées qui passent des contrats via le réseau classifié, au sein du ministère de la Défense, du ministère de l’Énergie et de la communauté du renseignement américain, et ils dirigent cet empire américain”. Pour ces acteurs-là, la divulgation pose un certain nombre de problèmes, juridiques en particulier. Hal Puthoff l’évoquait déjà pendant sa conférence à la Fondation Sol. Enfin, l’historien rappelle, qu’au sein de la communauté classifiée, certains membres ont la volonté de partager l’information avec le public. Cette dernière faction constituée souvent de retraités a toujours existée. Face à ce tableau, on comprend mieux la cacophonie qui règne si souvent quand on aborde le sujet de la divulgation.
Pour Richard Dolan la bonne question est de savoir qui a le pouvoir, le contrôle dans ce labyrinthe qu’est devenu le gouvernement américain. Il évoque comment Thomas Wilson, pourtant chef adjoint du renseignement des chefs d'état-major interarmées, s'est vu refuser, par des acteurs privés, l’accès à un sous-programme portant sur de la rétro-ingénierie. L’existence d’un bureau appelé Comité de surveillance des programmes d'accès spécial, SAP POC, ne permet pas en réalité un véritable contrôle des activités et de l’allocation des financements. Selon l'invité, le gouvernement est devenu “un système d’illégalité juridique” dans lequel circule beaucoup d’argent sans aucune surveillance.
L’historien pose alors la question du niveau d’information et donc de contrôle du président. De quoi est-il informé, de quoi est-il souhaitable qu’il soit informé ? D’une manière générale c’est le rôle de l’administration de gérer le quotidien, pas celui du président. Il n’est donc pas informé de l’ensemble des programmes en cours. De plus, des évènements comme le renversement du président Arbenz au Guatémala, prouvent que les services, la CIA par exemple, organisent des opérations secrètes dans les pays tiers. Le président, s’il n’est pas informé, peut présenter un “déni plausible” quant à l’implication de son pays dans ces opérations.
Langage et transition
Richard Dolan observe une nette augmentation des observations de PAN tout au long des deux derniers siècles. Il fait un lien entre cette tendance et notre entrée dans ce qu’il appelle l’ère de la science.
Au cours des siècles précédents, les observations étaient peu nombreuses. Une objection habituelle, c’est que les conditions culturelles de ces époques ne permettaient pas de les enregistrer. Mais l'invité n’est pas d’accord. Il pense que “si nous avions eu une densité d'observations comparable à celle que nous avons aujourd'hui, il y a 200 ou 300 ans, nous l'aurions su, je pense que les gens l'auraient remarqué” et nous aurions des traces dans les documents historiques. Par ailleurs, les observations sont peu fiables, estime-t-il, en raison de deux conditions. D’une part, le niveau scientifique atteint à l’époque et le manque de culture scientifique dans la population favorisaient l’explication alien ou surnaturelle face à des phénomènes naturels. D’autre part, selon notre historien “il est absolument crucial, lorsque nous examinons ces vieux rapports présumés d'ovnis, que nous ayons une certaine compréhension de la société dont ils sont issus”. C’est une mise en garde qu’il fait à propos du livre Les merveilles du ciel de Jacques Vallée et Chris Aubeck, qu’il apprécie pourtant énormément. Il regrette le manque de prise en compte du contexte historique de l’époque car cela altère l’interprétation de la source. Les écrits suivent des codes qui diffèrent selon les époques, et l’expression y est parfois très symbolique, pour captiver l’auditoire mais aussi pour protéger l’auteur de conditions politiques autoritaires. Cette précaution posée, Richard Dolan reste convaincu que certaines observations anciennes de PAN sont tout à fait sérieuses, et signifient que nous sommes observés depuis longtemps, très longtemps.
Après avoir “étudié l'histoire des observations d'ovnis” et lu des milliers, des milliers, et des milliers d’observations, du 20e au 19e, du 20e au 21e siècle”, l'invité développe une théorie selon laquelle le développement du langage mène inéluctablement au développement de la science. Une civilisation alien intelligente pourrait prédire cela, y compris combien de générations seront nécessaires pour aboutir aux sciences complexes après l’émergence du langage.
Nous serions donc passé d’une surveillance de faible niveau durant environ 50 000 ans à une observation intense au 20 et 21ème siècles. Richard Dolan remarque une montée en flèche des PAN avec la Seconde Guerre mondiale, l’essor des technologies liées à l’atome et à l’informatique permettant à l’espèce humaine de faire un bond qualitatif et quantitatif dans sa relation au monde. D’après l’historien, de multiples visiteurs sont inquiets de nous voir franchir les portes de ce nouveau monde, de leur monde, et observent, guident, ou contrôlent ce processus. Notre espèce, grâce aux nouvelles technologies, est entrée dans un processus de transition. Nous passons d’un être humain naturel à un être humain artificiel, voire numérique, nous entrons dans la réalité virtuelle, la réalité augmentée. Cette transition aura des conséquences importantes sur la psychologie humaine et sur son organisation politique. C’est ce que sauraient les aliens, car ils seraient passés par cette transition.
Aliens
Richard Dolan est donc convaincu que des aliens sont parmi nous, sur Terre, en mission d’infiltration parfois. L’existence des aliens serait prouvée par les témoignages. Il a interviewé de nombreuses personnes, qu’il juge crédibles, qui auraient eu un contact avec des aliens d’apparence humaine. Il rapporte en particulier deux témoignages de rencontre avec des “pléiadiens”, créatures grandes, blondes aux yeux bleus, extrêmement belles. La première rencontre a lieu en 1965 en Pennsylvanie. Une jeune femme se trouve à l’église quand elle vit une expérience de télépathie avec un couple de “pléiadiens”. “Ils étaient comme des mannequins”, “j'ai pu les entendre dans mon esprit” rapporte-t-elle. La seconde rencontre est rapportée à l'invité par un ancien colonel de l'USAF. Le colonel, sa femme et un ami médium se trouvent nez à nez avec un couple de “pléiadiens” dans un casino de Las Vegas. Là encore, il y a une expérience de télépathie mais ce qui fait la particularité de ce cas, c’est qu’il donne lieu à un épisode d’amnésie. Le colonel raconte qu’après l’épisode de la rencontre, son amie médium lui proposa une hypnose régressive afin de préciser les souvenirs. Mais, “chaque fois qu'elle essaie de le faire régresser, il entend, ils entendent des bruits de travaux à l'extérieur de la maison, des marteaux-piqueurs et du bruit” rapporte-t-il. Ils abandonnent, puis le colonel reprend contact avec son amie pour refaire un essai d'hypnose, mais elle n'a plus aucun souvenir de l'événement. “Ainsi, au cours du mois suivant, sa mémoire avait été altérée par un groupe inconnu” souligne Richard Dolan.
Pour l’historien, il existe de multiples formes de vie dans l’univers. Mais “les planètes comme la nôtre sont assez spéciales et uniques”, “nous explosons en toutes sortes de diversité génétique” affirme-t-il, ce qui nous rend très intéressants. Pour cette raison, nous sommes visités par plusieurs sortes d’aliens, certains d’apparence humaine, d’autres non. Ils ne sont probablement pas des êtres spirituels, mais “ils peuvent avoir la capacité de manipuler ce que nous considérons comme des dimensions. Et je pense que c'est là que l'aspect interdimensionnel entre probablement en jeu” explique l’invité. En effet, continue-t-il, “ceux qui atterrissent et embarquent, ceux qui entrent dans les océans ou en sortent ou qui viennent d'une altitude de 200 000 pieds pour atterrir au le sol, suivis par radar, je ne pense pas que ce soient des entités spirituelles”.
Les aliens, êtres physiques venant d’un monde avancé, sont-ils ici pour nous guider ou contrôler notre transition ? Richard Dolan est inquiet de la croyance naïve véhiculée par la pensée New Age, selon laquelle, les aliens seraient des êtres éthiques. Pour atteindre le niveau de civilisation qui leur permet d’être ici aujourd’hui, il nous met en garde : “ils sont, comme nous, devenus les prédateurs suprêmes de leur monde”. Comme nous, “ils ont dû arriver au point d'être les principales espèces de leur planète, cela signifie qu'ils devaient soumettre d'autres espèces”, continue l'invité et “ils ont dû traverser une période d’extrême violence. C’est ce que nous avons fait, nous n’avons réussi que parce que nous sommes violents”. Le problème auquel il est urgent de faire face est le suivant : “ils peuvent soutenir notre développement, mais ils peuvent avoir des problèmes avec notre développement”.
Ils sont là. Pensent-ils à notre intérêt ou au leur ? Richard Dolan nous invite à aborder le sujet ovni en dépassant l’aspect “tôles et boulons” qui a déjà été beaucoup travaillé, afin d’atteindre une meilleure compréhension de la “menace” potentielle que représentent nos visiteurs exotiques. Il est temps de s'intéresser d’un peu plus prêt à la somme de témoignages d’observations et de rencontres accumulés depuis des décennies. Nous les avons toujours traités avec suspicion, quand ce n’était pas avec dédain. Jacques Vallée explique que plus un témoignage est étrange et moins il a de chances d’être rapporté, répertorié et étudié. Pourtant, c’est dans l’étrangeté du phénomène que se trouvent les plus grandes interrogations scientifiques et par conséquent les futures découvertes.
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