Le ciel canadien fait régulièrement la une en raison d'événements liés aux Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés (PAN). Les plus célèbres furent les rencontres avec des PAN entre le 10 et le 13 février 2023 au-dessus du lac Huron dans le territoire du Yukon, près de la frontière nord de l'Alaska. Des chasseurs F-22 ont poursuivi des PAN et, après l’ordre de Joe Biden de les abattre, les forces militaires ont tenté de récupérer les restes de ces objets mystérieux. Les États-Unis ont abattu pas moins de trois objets volants suspects en trois jours. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a reçu une note "secrète" confirmant les événements, et le journaliste Ross Coulthart a rapporté la nature anormale de l'objet au-dessus de l'Alaska, qui a interféré avec les instruments des chasseurs. Jusqu'à ce jour, le NORAD (North American Aerospace Defense Command) et les autorités n'ont rien révélé de plus au public.
Chris Rutkowski, un ufologue canadien, rapporte dans The Debrief publié le 28 novembre 2023 que « les canadiens signalent voir des OVNI dans le ciel à un rythme de trois fois par jour (...). Il y a environ 1 000 rapports d'OVNI déposés au Canada chaque année, et ce nombre reste élevé. »
Récentes observations de PAN en Ontario et au-delà
UFO Talker, une radio basée en Ontario, diffuse régulièrement des podcasts qui recueillent et mettent en évidence les événements concernant les PAN. Lors des podcasts diffusés les 24 janvier et 14 février 2024, UFO Talker a rapporté des anomalies récentes concernant l'aviation civile canadienne :
- Le 3 novembre 2023, Ontario : Un Boeing 737-81D en vol de Santa Clara Cuba vers l'aéroport Pearson de Toronto a observé un drone à 10 500 pieds (3 200 mètres).
- Le 15 janvier 2024, Ontario : Un jet de ligne commerciale volant de l'aéroport Pearson de Toronto à Edmonton, Alberta, a signalé deux à trois lumières se déplaçant de manière erratique au-dessus de l'appareil pendant qu'il survolait le lac Supérieur près de Quebec Harbour, au sud-ouest de Wawa, en Ontario.
- Le 19 janvier 2024, Saskatchewan : Selon un enregistrement audio obtenu par CTVNews.ca, des pilotes ont rapporté "plusieurs lumières parfois en formation triangulaire" haut dans le ciel des Prairies canadiennes. "J'avais un appareil de la compagnie au-dessus de Thunder Bay, en Ontario, qui, je pense, pourrait avoir vu des satellites", a déclaré un contrôleur de la circulation aérienne à Winnipeg aux aviateurs vers 4h45, heure locale. "Je ne suis certainement pas expert, mais elles bougent de côté puis s'écartent l'une de l'autre puis forment des triangles", a répondu un pilote d'Air Canada en vol de Seattle à Winnipeg en survolant la Saskatchewan. "Je ne suis pas expert, mais ce ne sont pas des satellites."
Comme l'a souligné le podcasteur de UFO Talk, Michael Ryan, « Il y a des histoires qui ne disparaissent pas ». Le ciel du sud de l'Ontario a été le théâtre de diverses anomalies dans le passé :
- Le 13 mars 1974 à Scarborough, en Ontario : Dennis Prophet fermait son commerce vers 23 heures. Lui et un autre employé ont remarqué un objet en forme de cloche argentée descendant dans le ciel. Ils l'ont observé pendant environ cinq minutes et ont dit qu'il semblait être à environ 1 000 à 1 600 pieds dans les airs (300 à 500 mètres). Après l'avoir regardé pendant environ cinq minutes, Dennis est monté dans sa voiture pour rentrer chez lui.
Alors qu'il roulait vers sa maison, il a arrêté la voiture et est sorti. Il a estimé que l'OVNI en forme de cloche était monté à environ 5 000 à 6 000 pieds (1 500 à 1 800 mètres). Il a alors poursuivi sa route plus loin et, lorsqu'il est arrivé chez lui, a vu à nouveau quelque chose dans le ciel et a demandé à sa femme et à ses enfants de venir dehors. Ils ont remarqué qu'il y avait maintenant cinq objets dans le ciel. Ces derniers se dirigeaient vers la tour de transmission de la télévision CFTO. Les cinq objets descendaient en ligne droite, l'objet central, lui, pulsait. Ils ne pouvaient pas croire ce qu'ils voyaient. Il a appelé la ligne d'assistance téléphonique d’une station de radio pour adolescents, qui diffusait les plus grands succès de l'époque. La radio n'était pas intéressée par les histoires d'OVNI. Vers minuit, parmi ces cinq objets en forme de cloche, le troisième objet, qui se trouvait à peu près au milieu, a libéré ce qui semblait être un ressort qui descendait à une distance difficile à déterminer.
Un plus petit OVNI est soudainement sorti en-dessous de l'objet en forme de cloche, et un faisceau de lumière semblait aller jusqu'au bas du ressort. Puis un petit disque est monté jusqu'au dessous de l'engin. Des objets en forme de disque et de cloche se sont dirigés vers le lac Ontario, mais certains en forme de cloche sont restés là. Quelques-uns d'entre eux ont émis une lumière verte qui, a-t-il dit, a illuminé une grande partie du ciel. Certains de ces objets étaient encore là à 3 heures du matin. Dennis Prophet, qui est décédé depuis, mentionne également dans son livre "The Amazing West Hill Pickering Sightings" que des OVNI ont été vus en suspension au-dessus de la centrale nucléaire de Pickering, et que ces apparitions semblaient être un événement hebdomadaire autour de la centrale à cette époque.
- Le 18 mars 1975, en Ontario : un objet est resté en suspension au-dessus de la centrale de Pickering.
- Le 21 mars 1975, en Ontario : vers 19h20, deux objets argentés ont été vus au-dessus de la centrale nucléaire de Pickering, l'un d'eux étant assez haut au-dessus de la station. L'autre planait à environ 4 500 pieds (environ 1 400 mètres) au-dessus de la centrale. Le témoin a entendu parler d'une panne de courant survenue dans la région à ce moment-là. Aux alentours de la même période, bien que les dates ne soient pas précisées dans le livre, trois employés de la centrale ont vu un OVNI orange qui a plané au-dessus de la centrale pendant 11 minutes. L'objet est devenu rouge vif après avoir plané, comme s'il avait été rechargé.
- Le 4 février 1975 en Ontario : à la centrale de Pickering, Andy Parkes, un directeur de radio locale, a vu une douzaine d'OVNI en suspension au-dessus de la station ; il avait été sceptique face à tous ces rapports qu'il avait entendus au fil des ans, alors il prit une équipe de journalistes avec lui et se rendit à la centrale où plusieurs autres spectateurs étaient présents. De nombreux témoins d'OVNI étaient rassemblés là, regardant le ciel, y compris trois ambulanciers et un officier de police régionale de Durham. Andy a appelé le contrôleur aérien de l'aéroport international de Toronto et le petit aéroport local d'Oshawa. Ils ont dit qu'ils n'avaient rien détecté. Cependant, Andy Parkes avait parlé avec l’aéroport d'Oshawa pendant la nuit de l'événement, et la tour de contrôle lui avait confirmé que les objets étaient non identifiés. Néanmoins, le lendemain, le commentaire officiel était "Non, nous n'avons rien vu". Andy, qui était aussi un pilote privé et qui avait observé l'objet, a dit qu'il n'avait jamais vu d'avions manœuvrer de cette façon, ni avoir vu de lumières comme cela.
- Le 24 novembre 1979 en Ontario : Un rapport d’observation d'OVNI exhumé des recherches de Daniel Otis, journaliste canadien de CTV News et basé à Toronto, mentionne que les témoins, M. Wagner Ferdinand et sa femme Wagner Margaret, qui voyageaient vers l'ouest sur l'autoroute 401 dans un véhicule, ont vu une "lumière blanche brillante avec de forts rayons repérés au-dessus de la centrale nucléaire de Pickering, en Ontario, entre 17h et 18h15. La lumière a été chassée de la zone par un petit avion".
La région du Grand Toronto (Greater Toronto Area, GTA) des années 1960-1970 était très différente du GTA de 2024. À l'époque, la région de Scarborough entre Markham, Pickering et Oshawa était composée de champs et de campagne. Les gens n'étaient pas avertis par les médias ; ils ne parlaient des OVNI qu'en ville, et entre eux.
Aujourd'hui, cet endroit est densément peuplé avec une vaste zone résidentielle. L'avènement d'Internet, des smartphones et des réseaux sociaux a tout changé. Le Canada, stimulé par l'immigration, est le pays à la croissance la plus rapide du G7. Parmi les 13 provinces et territoires canadiens, l'Ontario se classe premier, devant la Colombie-Britannique et le Québec, en matière d'immigration canadienne en 2023.
L'Ontario est la province la plus peuplée du Canada, avec près de 40 % de la population du pays. Le GTA comprend 50 % de la population de l'Ontario, Toronto ayant la plus haute densité de population en Amérique du Nord, dépassant Los Angeles (2020). L'approvisionnement électrique de l'Ontario (2022) est constitué de 34 % de nucléaire, 28 % de gaz naturel, 23 % d'hydroélectricité, 13 % d'éolien, 1 % de solaire et moins de 1 % de biocarburants. Puisque toutes les infrastructures de production énergétique ne sont pas utilisées à pleine capacité, 60 % de l'énergie de l'Ontario provient du nucléaire, ce qui représente la base de son approvisionnement énergétique. Malgré la part importante de nucléaire et d'hydroélectricité en Ontario, le Canada, avec 20,4 t par habitant en 2022, figure dans le top 7 des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) par habitant. Compte tenu de son faible niveau de population (40 millions en 2023, 0,5 % de la population mondiale), le Canada conserve une faible empreinte GES (1,4 % des émissions mondiales). Avec 60% d'énergie fournie par les centrales nucléaires, l’empreinte “énergie nucléaire” en Ontario reste un marqueur significatif dans cette zone géographique.
L'Ontario compte 18 centrales nucléaires en activité, dont ses 3 plus grandes en capacité : la centrale nucléaire Bruce (près du lac Huron), Darlington et Pickering (près du lac Ontario). La centrale nucléaire de Pickering est l'une des plus anciennes centrales nucléaires au monde et la troisième en taille au Canada. La rénovation de Pickering devrait être terminée d'ici le milieu des années 2030 ce qui devrait prolonger la durée de vie de la centrale d'au moins 30 ans.
Les cas de PAN de Pickering des années 1970 concordent avec les nombreux signalements d’OVNI rapportés près des installations nucléaires dans le monde entier.
Observations de PAN au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse
D'autres cas, plus à l'est du Canada, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, sans lien avec un site nucléaire à proximité, ont été rapportés par le podcast UFO Talker, le 14 février 2024 :
- Années 1970, Nouvelle-Écosse, Halifax, Shearwater : Rob Furlong se souvient d'une histoire d'amis de la famille qui ont été témoins d'un OVNI en forme de Tic Tac planant au-dessus de l'eau tard dans la soirée. L'objet a plongé dans l'océan et a disparu. Plus tard, un personnel de service de la base aérienne de Shearwater a mentionné qu'ils avaient déjà vu ces OVNI en forme de Tic Tac de nombreuses fois.
- Le 22 août 1990, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse : L'événement OVNI d'Ebenezer s'est produit de 20h15 à 22h30 environ. Dave Ross, un témoin direct, raconte à Michael Ryan qu’un objet venant du sud-est est apparemment resté en position, brillant pendant deux heures. Des hélicoptères militaires et des avions sont ensuite arrivés. UFO Talker souligne : « La GRC était là et des hélicoptères militaires canadiens, et quelque chose a été emmené sur un camion à plateau recouvert d'une bâche ». L'une des cinq témoins a pris des photos et a posé l'appareil sur son réfrigérateur. Après avoir parlé à la GRC (Gendarmerie Royale du Canada), l'appareil photo a disparu de chez elle.
Un témoin a été informé par les militaires sur place que l'objet était effectivement un OVNI. Un autre témoin, âgé de 14 ans à l'époque, a alors cru, écoutant son oncle, qu'il s'agissait d'un satellite russe. L'événement a été couvert par la CBC et d'autres journaux canadiens ; deux agents de la GRC ont également été envoyés pour enquêter. L'un des officiers a observé l'objet brillant - une lueur orange.
Un article de CBC News, daté du 30 août 2020, indiquait que des témoins avaient décrit un objet blanc ressemblant à un grand cône de glace tombant du ciel près d'Ebenezer, et continuant à briller pendant environ deux heures après son atterrissage. Chris Rutkowski a écrit dans un blog de 2010 que "la GRC a confirmé avoir reçu plus d'une douzaine d'appels concernant l'objet d'Ebenezer, et avait envoyé deux gendarmes pour enquêter. Ils ont noté qu'un officier pouvait le voir au loin, mais qu’il a par la suite perdu de vue".
Été 1992, Nouveau-Brunswick : le soldat américain David Marceau a eu une rencontre nocturne avec un OVNI de forme triangulaire qui mesurait 100 pieds de long et 50 de large (environ 30 mètres par 15 m), flottant au-dessus de la cime des arbres, alors qu'il était en garde à la base des Forces canadiennes de Gagetown. La base de Gagetown est un vaste centre (plus de 420 miles carrés) d'entraînement. Accueillant la 5ème Division canadienne, c'est un lieu d'entraînement majeur pour plusieurs unités canadiennes. Des forces de l'OTAN s'y entraînent également avec des unités de l'Armée américaine. En outre, le site a été le théâtre de plusieurs observations d'OVNI en 1993 et au début des années 2000. La rencontre de David a également été présentée dans un épisode de "Unidentified" où il a rencontré Luis Elizondo.
1997, Nouvelle-Écosse, Halifax : Les gendarmes à la retraite de Halifax, Rick Prescott et Rob Furlong, rapportent l’observation d'un grand OVNI noir de forme triangulaire pendant leur quart de nuit.
Observations de PAN au Manitoba et en Saskatchewan
24 avril 2011, Selkirk, Manitoba : un policier canadien a signalé avoir vu "une lumière jaune et orange non identifiée" au-dessus de Selkirk, Manitoba, et a déclaré l'avoir capturée sur vidéo. La vidéo, ayant fait l'objet d'une fuite par une source gouvernementale au courant de l'incident, a été enregistrée par le tableau de bord d'une voiture de patrouille de la GRC, tôt le 24 avril 2011 à Selkirk, Manitoba. L'enregistrement montre simplement le capot d'un véhicule, une ville et un objet lumineux traversant un ciel sombre.
23 août 2003 ou 2004, Saskatchewan, Regina : Jay, âgé de 19-20 ans, faisait son jogging par une nuit fraîche avec sa petite amie lorsqu'il a aperçu un OVNI flottant à seulement quelques pieds au-dessus d'une rivière près du pont commémoratif du lac Wascana. Une sorte d'objet bioluminescent organique, avec une surface constituée de filaments de lumière réfléchissants, de 4 pieds de haut (environ 1.2 m) et de 3-4 pieds de large, qu'ils ont observé pendant une minute ou deux. En un clin d'œil, l'objet s’est élevé à 40 pieds (environ 12 mètres) au-dessus d'eux. Il a ensuite disparu, tout aussi rapidement. L'expérience entière a duré environ 5 minutes.
Enquêtes du journaliste canadien Daniel Otis
Dans le podcast UFO Talker daté du 14 juin 2023, Daniel Otis explique que le Canada a une politique sur la manière de traiter les rapports d'OVNI en aviation. La compagnie NAV CANADA est un organisme contrôleur de la circulation aérienne qui possède et exploite l’ensemble des infrastructures de la circulation aérienne civile au Canada. Si un pilote voit quelque chose d'inhabituel, le premier point de contact sera l'un de ces contrôleurs de la circulation aérienne de NAV CANADA. Cette dernière a une politique très claire pour ce qui est de traiter les observations d'objets non identifiés, appelées “procédures de service”.
Ce mécanisme procédural pour communiquer les observations cruciales de renseignement a été développé pendant la Guerre Froide au Canada et aux États-Unis, à une époque de tension extrême. Il n'y a pas de véritables enquêtes sur les OVNI au Canada, mais il existe des procédures de rapport permettant de documenter les observations de PAN. Une fois un rapport reçu, des formulaires sont remplis et partagés avec les autorités fédérales des transports, le NORAD et l'Armée de l'air. Il n'y a généralement pas de suivi de ces événements, bien qu'il y ait des exceptions. Cette procédure est davantage liée aux observations en rapport avec l'aviation concernant les compagnies aériennes commerciales. L'Armée de l'air canadienne documente ces événements, conserve ces rapports, et il y a communication à ce sujet, mais dans la plupart des cas, il n'y a pas de suivi.
NAV CANADA a émis le manuel de procédure pour les pilotes d’aviation, qui décrit les règles et les réglementations pour les pilotes volant au-dessus du Canada. Ce manuel mentionne que les rapports de service « devraient être faits immédiatement en cas d'observations de renseignements vitaux, de tout objet aérien et activité au sol qui semble être hostile, suspect, non identifié ou s'engageant dans une activité de contrebande potentiellement illégale », avec des exemples cités pour ces rapports tels que « objets volants non identifiés, sous-marins, navires de guerre de service, explosions violentes… »
En plus de ces procédures, Daniel Otis explique que le Canada possède un escadron spécifique situé à North Bay, Ontario, qui est chargé, sous l'autorité du NORAD, d'identifier le trafic aérien approchant l'Amérique du Nord. Cet escadron est celui qui reçoit ces rapports partagés avec les parties pertinentes, et qui malheureusement peuvent être oubliés à jamais. Lorsqu'il a contacté les militaires, ils ont confirmé qu'ils « n'enquêtent généralement pas sur les observations de phénomènes inconnus ou inexpliqués en dehors du contexte de l'enquête sur une menace crédible, une menace potentielle ou une détresse potentielle ». Les autorités ne s'intéressent pas beaucoup à ces rapports d'OVNI à moins qu'il n'y ait un sujet de sécurité ou de sûreté clairement en jeu.
Mais Daniel Otis insiste sur le fait que certains de ces rapports répondent à ce critère, il y a des cas où des pilotes de ligne ont signalé qu'ils ont dû manœuvrer pour éviter des objets volants non identifiés, ce sont alors des problèmes de sécurité très clairs. Tels les cas où le radar du NORAD détecte des choses s'approchant du continent pour lesquelles ils envoient des avions de chasse qui décollent pour enquêter. Ce petit pourcentage des cas reçus a nécessité une réponse de la défense.
1952, Ontario, base militaire du NORAD à North Bay : Un officier de l'Armée de l'air, a vu quelque chose se déplacer de manière erratique au-dessus de la base.
La base de North Bay compte du personnel canadien et américain. Il y a une autre base à Winnipeg où des militaires américains sont stationnés en permanence. À Cheyenne Mountain au Colorado, un tiers des personnes présentes sont des militaires canadiens, et quand le commandant américain n'est pas là, un commandant canadien prend le relais. C'est une situation assez unique en raison des intérêts de défense partagés.
2007, Ontario, base militaire du NORAD à North Bay : les officiers de la base militaire ont vu un grand objet lumineux ou une lumière stationnaire au-dessus de la base. Ils ont pris une photo avec leurs téléphones portables et appareils photo ; les caméras de sécurité de la base ont également capturé l'objet. Ils ont déposé un rapport. Douze personnes ont été impliquées dans cet événement. Daniel Otis a obtenu le rapport mais travaille encore à obtenir les vidéos et les photos.
22 décembre 2016, Terre-Neuve-et-Labrador : Otis mentionne le cas du vol d'American Airlines de Londres à New York, à environ 300 km au sud du Labrador, une zone assez éloignée. Il a pu accéder aux fichiers en vertu de la loi sur la liberté de l'information. L'avion a signalé avoir effectué une manœuvre d'évitement. L'Armée de l'air canadienne a envoyé des avions de chasse pour enquêter. Deux autres avions ont signalé un objet : un phare blanc rotatif. Un vol suisse venant du golfe du Saint-Laurent a également signalé quelque chose de très similaire à la même époque. Les contrôleurs de la circulation aérienne de Boston ont ordonné à tous les vols dans la région de signaler les activités inhabituelles. Les avions de chasse sont arrivés pour enquêter sur cet incident de quasi-collision mais malheureusement ils n'ont rien vu et sont retournés à la base sans avoir établi de contact. Ce cas est l'un de ces exemples où un pilote de ligne voit un objet qu'il ne peut pas immédiatement identifier, et qui est si proche d'eux qu'il présente un problème de sécurité, les forçant à effectuer une manœuvre d'évitement, ce que l'armée considère comme une menace claire pour la sécurité, exigeant une enquête.
Novembre 2018, Terre-Neuve-et-Labrador : Le côté canadien du NORAD a noté des pistes radar non identifiées se déplaçant de manière régulière vers l'Amérique du Nord. Des avions de chasse ont été lancés pour enquêter, mais n'ont rien vu et sont retournés à la base. Il a été déterminé plus tard que cette fausse alerte avait été créée en raison de problèmes sur un radar NORAD éloigné sur la côte du Labrador. La couverture dans cette région n'a pas été idéale dans ce cas. De tels rapports d'événements n'auraient jamais été publiés par le NORAD aux États-Unis car estampillés secret défense.
Daniel Otis, en évoquant le cas de 2016, souligne le niveau de seuil et de contact qui doit être atteint pour solliciter une réponse canadienne. Cela montre que « l'Armée de l'air canadienne est réactive et responsable. Ils n'ignorent pas les rapports, il y avait un problème de sécurité et ils l'ont étudié ».
Le journaliste rapporte des difficultés pour obtenir des réponses officielles du gouvernement, bien que certains membres montrent de l'intérêt pour ce sujet. Il mentionne le membre du Parlement du Manitoba, Larry Maguire, qui a pris les devants à Ottawa, informant en coulisses d'autres membres sur le sujet ainsi que sur les nouveaux développements qui se produisent aux États-Unis qui se produisent aux États-Unis. M. Maguire a publiquement dit qu'il avait parlé avec l'ancien directeur de l'AATIP, Luis Elizondo. Un autre membre du parlement a été informé par la Scientific Coalition for UAP Studies (SCU), Christopher Mellon ayant également assisté à cet exposé. Néanmoins, le budget du Canada est nettement inférieur à celui des États-Unis sur ce sujet.
Il y a peu à gagner pour les politiciens à parler et à commenter ce problème à Ottawa. La stigmatisation au sujet des ovnis est toujours un gros problème là-bas, le Canada étant quelque peu en retard sur les États-Unis à cet égard, mais les choses avancent et pourraient faire encore plus de progrès. Cependant les faits doivent être privilégiés par rapport aux spéculations, qui ont nui à la réputation du sujet des PAN. Il y a encore beaucoup de conversations en coulisses à Ottawa ; de plus en plus de personnes parlent de ce sujet. « La politique n'a toujours rien à gagner et beaucoup à perdre, alors bravo à Maguire et aux autres membres parlementaires à Ottawa » commente Daniel Otis.
Le NORAD est le point central de la question des PAN, c'est l'entité qui s'occupe de tous les événements survenant dans le ciel. Daniel Otis a eu des contacts avec cette organisation binationale. En effet, bien que les Américains ne puissent pas le solliciter en vertu de la Freedom of Information Act, les canadiens le peuvent, car les installations canadiennes du NORAD accueillent également la GRC en partageant des espaces et des opérations combinés. Le NORAD a accès aux rapports et suit parfois les PAN sur les radars. Contrairement aux Canadiens avec la liberté de l'information, les citoyens américains ne peuvent pas accéder aux documents émanant de la base du NORAD, comme cela a été le cas au Colorado par exemple.
Enquête de 2023 sur les OVNI canadiens, par Chris Rutkowski
Le 4 mars 2024, le Canadian UFO Survey a publié les « Résultats de l'Enquête canadienne sur les ovnis 2023 ». Ce travail mené par Ufology Research et l'ufologue Chris Rutkowski vise à faire l'inventaire des événements PAN à travers le pays. Des statistiques de PAN du ciel canadien sont collectées et rassemblées depuis 1989. « Plus de 24 000 rapports d'OVNI canadiens ont été soigneusement catalogués au cours des 34 dernières années » souligne le groupe de recherche en ufologie dirigé par Chris Rutkowski. Cet ensemble de données impressionnantes classe les rencontres de PAN par province, heure d'observation, couleur, forme et type de PAN. Le résumé du rapport note : « Le pourcentage de cas d’OVNI considérés comme inexpliqués en 2023 était d’environ six pour cent ». Ceci est conforme aux pourcentages enregistrés par le GEIPAN et d’autres statistiques internationales similaires. Le Canadian UFO Survey affirme que cet ensemble de données « est bien plus vaste que les fichiers du tristement célèbre projet Blue Book de l'US Air Force, qui a enquêté et enregistré 12 618 rapports d'OVNI provenant du monde entier entre 1952 et 1969. Et, bien que le Blue Book ait répertorié 701 cas “inexpliqués”, il y a actuellement environ 2 612 cas inexpliqués dans la base de données du Canadian UFO Survey.
En résumé, le rapport indique qu’en 2023 :
« 570 rapports d'OVNI ont été officiellement déposés au Canada »
« Une cinquantaine d'observations d'OVNI ont été signalées chaque mois au Canada »
« 6% des cas sont considérés comme inexpliqués »
« Les provinces les plus peuplées ont tendance à avoir le plus de rapports d'OVNI »
« Des pics mensuels notables dans l’activité UAP signalée en février et août »
« La forme la plus courante (...) était une simple source de lumière ponctuelle soit 45% des cas »
La position du gouvernement canadien sur les PAN par Larry Maguire, député du Manitoba, prononçant un discours à la conférence SOL en novembre 2023
Larry Maguire est membre de la Chambre des communes du Canada depuis 2013. Il milite pour que la divulgation à Ottawa soit dirigée par les meilleurs esprits scientifiques. Il a demandé au gouvernement, que le conseiller scientifique en chef prenne cette initiative au Canada dans le cadre du projet Sky Canada.
Le conseiller scientifique en chef formulera des recommandations aux ministères et aux organismes en 2024. Ce rapport sera public. L'homme politique souligne que son propre gouvernement n'a pas été totalement transparent avec le projet Sky Canada, au minimum il y a « une indication qu'il n'est pas disposé à s'engager pleinement comme il le souhaitait », comme il l'a souligné dans son discours à la conférence SOL : « Il faudra du temps pour mettre fin à des décennies de stigmatisation, mais nous ne pouvons pas laisser la démocratie enterrer cette initiative sous des formalités administratives ».
Il continue en affirmant que le public n’a pas accès aux informations classifiées, donnant des exemples au Canada et aux États-Unis. L'opposition au Canada dirigée par Larry Maguire, estime que le gouvernement devrait travailler avec le gouvernement américain et ses alliés pour déterminer l'origine et la nature des UAP. Ils ont été le premier parti politique canadien à faire cela.
Le député Maguire a expliqué comment cette initiative se déroule concrètement : Le conseiller scientifique en chef obtient une table au Parlement, puis une commission parlementaire mène une étude, amenant les chercheurs et les scientifiques du pays à révéler ce qu'ils peuvent légalement. Le projet Sky Canada suit les événements du Congrès américain et Maguire a souligné que cela aide les politiciens à s'engager et à jeter les bases de cette initiative concernant les PAN. Cependant, il existe encore un « manque de preuves » permettant aux politiciens de se saisir facilement de cette question.
À quoi les politiques devraient réfléchir ?
Premièrement, quel processus est le meilleur moyen de déclassifier au public ?
Deuxièmement, comment pouvons-nous collaborer avec nos alliés et empêcher les adversaires d’accéder à ces informations ?
Troisièmement, quelle est la meilleure façon d’impliquer les scientifiques, les universitaires et les chercheurs civils ? Une question qui s’adresse aux responsables politiques qui devraient veiller à exploiter ces expertises en dehors des agences militaires et de renseignement.
Enfin et surtout, comment les gouvernements peuvent-ils admettre à leurs citoyens qu'ils n'ont pas dit la vérité ?
Larry Maguire termine en disant : "Il n'est jamais trop tard".
Quelle suite donner à l'étude des PAN au Canada ?
À la fin de l'année 2023, Daniel Otis a tenté de consulter les rapports afin d'accéder à ceux qui faisaient l'objet d'une enquête plus approfondie. Il a engagé un cabinet d'avocats après s'être vu refuser l'accès aux dossiers sur les observations de PAN dans les centrales nucléaires. Il bénéficie du soutien de la Fondation constitutionnelle canadienne (CCF), un organisme de bienfaisance national et non partisan dont la mission est de défendre les droits et libertés protégés par la Constitution. Avec l'appui d'un avocat et de l’organisation, il a contacté le gouvernement fédéral en effectuant des demandes grâce à la Loi sur la liberté d'information (Freedom of Information Act).
Le journaliste indépendant a soumis plus de 200 demandes en vertu des lois fédérales et provinciales sur la liberté d'information à diverses agences canadiennes, dont le ministère de la Défense nationale, la Gendarmerie royale du Canada et l'Armée de l'air royale canadienne.
Ses recherches et ses demandes portent principalement sur un “groupe affilié au NORAD” situé à North Bay, dans l'Ontario. L'escadron en question est chargé d'identifier tout trafic en approche de l'Amérique du Nord. Il a fait l'objet de ses demandes d'accès à l'information car c'est l'unité qui est informée lorsqu'un pilote dépose un rapport et qui est également chargée de surveiller les écrans radars.
L'autorité fédérale des transports au Canada dispose de trois décennies de rapports de pilotes commerciaux et, grâce aux demandes d'accès à l'information, les canadiens peuvent avoir accès à ces rapports dans 99 % des cas, essentiellement parce que le sujet n'est pas considéré, au Canada, comme une question de sécurité et de défense comme c'est le cas aux États-Unis, où un large éventail de sujets est considéré comme une question de sécurité nationale.
Dernier point, mais non des moindres, il est décrit sur le site web du projet Sky Canada : "Le projet Sky Canada a été lancé à l'automne 2022 pour étudier la façon dont les rapports du public sur les PAN sont gérés au Canada et pour recommander des améliorations. Le Bureau du conseiller scientifique en chef (OCSA) se concentrera sur le processus canadien de saisie et de traitement des observations de PAN. L'OCSA prépare actuellement un projet de rapport interne à partir des informations recueillies. Un rapport public sera publié sur notre site web au début de l'automne 2024."
Les chercheurs travaillant sur les PAN au Canada ont en principe plus de chances d'avoir accès aux données des événements faisant l’objet de rapports par l’aviation civile et militaire. Toutefois, comme l'ont souligné de nombreux scientifiques dans le domaine des PAN, la collecte de données lors d'une rencontre doit être améliorée. Pourquoi ne pas équiper tous les avions commerciaux de caméras et d'enregistreurs haute définition ?
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