Gouvernement : 27% de la population canadienne affirme avoir observé des ovnis
Dans un rapport publié en janvier 2025, le gouvernement canadien a financé un sondage questionnant sa population sur le sujet des ovnis.
Si les groupes scientifiques se déploient au sein des milieux académiques pour mener l’enquête sur le sujet des PAN, la question d’évaluer dans la population l’intérêt pour cette recherche a longtemps été une énigme, étant donné le coût que représente la mise en place de sondages représentatifs.
Grâce au gouvernement du Canada, nous avons désormais une estimation de cette question dans la culture occidentale contemporaine. Ces sondages, mis en place de l’étude de faisabilité du Projet Sky Canada, sont révélateurs d’un grand intérêt de la population pour le sujet, dont 27% déclarent avoir été témoin au cours de leur vie. Cela peut s’expliquer par un contexte culturel moins restreint sur le sujet que son voisin américain, la mise en place de programmes anciens gouvernementaux ayant déjà enquêté sur le sujet, la présence d’organisations locales répondant aux questions du public, la couverture dans les médias des sujets d’actualité, comme le fait le journaliste Daniel Otis, par exemple.
Le territoire canadien est aussi un terrain riche en observation, particulièrement près des grands corps d’eau. La province du Saskatchewan est aussi réputée pour ses cas d’observations, malgré une densité de population quatre fois inférieure à celle de la Russie. De plus, les interceptions aériennes d’objets non identifiés en février 2023, à la frontière du Canada et des Etats-Unis, ont probablement renforcé les interrogations des autorités.
Le rapport du bureau du conseiller scientifique du Canada, créé en 2017 par le Premier ministre Justin Trudeau, pour but que :
la science devienne un pilier de la prise de décision gouvernementale
Le lancement de cette étude de faisabilité d’un programme d’étude des PAN par le gouvernement canadien fait suite aux nombreuses rencontres et échanges entre activistes américains et représentants élus canadiens, mais aussi par les échanges avec les autorités américaines, non seulement le NORAD, qui coordonne la zone de défense commune Américano-Canadienne, mais aussi en tant que partenaire du groupe des Five Eyes, et en ayant eu des discussions avec les officiels et anciens officiels américains chargés de s’occuper du sujet des PAN.
Cela n’a pas empêché le gouvernement canadien de vouloir se protéger d’attaques contre sa réputation, en diffusant en amont de l’accès au dossier la notice suivante :
Il convient de noter que le projet SKY Canada n’est pas destiné à accéder et à recueillir des données de première main (photos, témoignages, etc.) et ne vise pas à transformer le BCSC en principal point de contact pour les Canadiens et les Canadiennes qui veulent signaler des observations ou des expériences personnelles. De plus, l’objectif du projet n’est pas de prouver ni de nier l’existence d’une vie extraterrestre ou de visiteurs extraterrestres.
Le rapport est introduit par une lettre de la Conseillère scientifique en chef du Canada, Dr Mona Nemer, précisant le but de ce rapport :
Notre objectif était de déterminer les ressources et les processus actuellement en place pour le traitement et le suivi des rapports sur les PANI, de les comparer aux meilleures pratiques en vigueur dans d’autres pays et de formuler des recommandations en vue d’améliorations potentielles. Le présent rapport est donc axé sur les services mis à la disposition du public canadien pour signaler les PANI, et non sur les PANI eux-mêmes. Il est essentiel de comprendre cette distinction pour lire le rapport. Le projet Ciel Canada n’a pas pour but d’enquêter sur la nature des PANI, mais plutôt de permettre à la science d’informer et de servir tout le monde.
Il ne s’agit par ailleurs que d’une prépublication du rapport complet qui est prévu pour mars. Preuve que le public suit avec intérêt le sujet, la Dr Nemer ajoute :
La préparation de ce rapport a suscité plus d’intérêt de la part du public que n’importe quel autre projet dans l’histoire de notre Bureau.
Malgré un territoire riche en observation, le rapport jette une lumière crue sur les manques perçus du traitement du problème “PAN” au Canada :
absence de système cohérent et normalisé pour l'établissement des rapports et le suivi.
absence d'engagement public.
analyse limitée des rapports des plans d'action nationaux.
participation insuffisante des scientifiques.
efforts modestes pour améliorer la culture scientifique, notamment en ce qui concerne les sciences planétaires.
Le rapport recommande donc de :
Désigner un responsable : choisir un ministère ou organisme fédéral responsable pour la gestion des données publiques sur les PANI. Il devrait s’agir d’une organisation scientifique reconnue et digne de confiance, capable de communiquer avec le public et disposant d’un réseau scientifique international déjà établi. L’Agence spatiale canadienne pourrait être envisagée pour ce rôle.
Établir un service réservé à ces activités : ce service recueillerait les témoignages, enquêterait sur les cas et publierait des analyses. Il fournirait des informations sur les PANI aux Canadiens de manière proactive. À ces fins, il pourrait convoquer un réseau de partenaires et d’experts gouvernementaux et universitaires pour effectuer des analyses scientifiques et assurer un suivi auprès des observateurs.
Améliorer la capacité de production de rapports dans le domaine de l’aviation civile : Transports Canada devrait encourager les pilotes, les membres d’équipage et les contrôleurs aériens à signaler les PANI sans craindre la stigmatisation. En collaboration avec NAV CANADA, le personnel de Transports Canada devrait analyser les rapports sur les PANI afin de mettre en évidence les tendances et de fournir des explications aux pilotes, ce qui contribuerait à réduire les distractions pendant les vols. Ces rapports pourraient être comparés à ceux soumis par le public pour des observations similaires.
On peut voir ici une tentative par le Canada de dessiner ce qui serait l’équivalent d’un GEIPAN, le bureau public français de récolte et d’analyse de témoignage, sous l’autorité de l’agence spatiale française, le CNES.
Concernant la communication, le rapport recommande :
d’encourager les échanges avec le public.
de favoriser la communication intergouvernementale entre les différentes agences de l’État canadien pour pouvoir déterminer l’origine des observations.
de favoriser la collecte des témoignages.
de répondre aux questions des usagers pour limiter la mésinformation et désinformation avec l’aide d’un panel d’experts.
On peut se demander sur ce dernier point quelles seraient les qualifications d’expert qui pourraient recommander où se place sur la vérité concernant un sujet marbré de tentatives d’influences étatiques et privés, et sans assises académiques.
Quant à la recherche scientifique, si le rapport recommande d’ouvrir les données au public, il reste très vague sur la façon dont le gouvernement pourrait favoriser les programmes scientifiques nationaux, se contentant de mentionner que le secteur spatial pourrait être mis à contribution. Les outils de capture de données proposés sont sur téléphone, loin de ce que le Dr. Avi Loeb met en place à Harvard. On pourrait imaginer que le Polar Environment Atmospheric Research Laboratory puisse participer à de telles recherches avec de l’équipement dédié.
Le rapport se termine sur la recommandation d’améliorer la collaboration internationale avec les partenaires spécialisés.
L’annexe B du rapport contient l’analyse des sondages :
30 % des interrogés se disent inquiets concernant les PAN observés au-dessus de leur territoire.
40% des interrogés considèrent les PAN comme des risques pour l’aviation.
55% des interrogés pensent qu’il y a des fausses informations sur les PAN dans les médias.
L’origine extraterrestre est la cause la plus référencée de PAN, devant les programmes gouvernementaux et l’espionnage, les phénomènes naturels et les engins conventionnels.
seul 46% des interrogés pensent qu’il n’y a pas de preuves que les civilisations extraterrestres existeraient.
67% des interrogés se sont intéressés au sujet ces dernières années.
27% des témoins ont observé quelque chose qu’ils ne pouvaient pas identifier, dont :
11% durant l’année.
21% entre 2 et 5 ans.
22% entre 6 et 10 ans.
43% au-delà de 10 ans.
parmi eux, seul 9% l’ont rapporté. Parmi ceux-ci, 45% ont signalé leur observation à un groupe non-gouvernemental, mais cette solution n’est privilégiée que par 6% du total des répondants, derrière les autorités, les médias, les institutions scientifiques, le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial.
seul 2% des répondants connaissent l’existence d’organisations et de groupes menant des enquêtes sur les PAN.
49% des répondants pensent que le Gouvernement du Canada devrait agir et prendre les PAN au sérieux.
55% déclarent que la création d’une agence spécialisée est importante.
71% pensent qu’il est important que le Gouvernement rende les informations sur les observations publiquement accessibles.
58% des répondants déclarent que le gouvernement du Canada devrait encourager la science citoyenne, 49% approuvant la dépense de fonds publics pour enquêter sur ce sujet.
Si l’on considère ce sondage comme révélateur de l’opinion canadienne, quelques extrapolations peuvent être faites :
27% de la population canadienne déclare avoir vu un ovni, ce qui pour une population d’environ 40 000 000 équivaut à environ 10 800 000 témoins.
Si l’on considère les résultats les plus restrictifs possibles en utilisant le GEIPAN, approximativement 96,8 % des cas peuvent être écartés par des causes conventionnelles, mauvaise identification, ou tout simplement manque d’information permettant de confirmer qu’un cas est réellement anormal.
Cela donne une estimation de 345 600 observations anormales et de haute confiance sur l’ensemble de la population canadienne vivante, montrant que l’immense majorité des cas d’observations anormales ne sont pas reportés. De plus, selon Jacques Vallée, plus un cas est anormal et instructif, moins il est rapporté parce qu'il sort des conventions culturelles acceptables. On ne peut que s'interroger sur la richesse des informations que l'on pourrait trouver si ces cas étaient réellement rapportés.
D’après les indications des sondages, cela peut s’expliquer par une absence de connaissance par le public des groupes travaillant dessus, d’agence spécialisée de l’État traitant les enquêtes, et de communication officielle sur le sujet.
Il est à espérer que le gouvernement entendra l'appel de son peuple et ne faiblira pas face aux attaques publiques qui ont déjà été lancées contre cette question au Canada.