A la recherche des P.A.N. : Le Docteur Avi Loeb
Une des conférences de l’événement ‘’Echo Event’’ qui s’est tenu à la prestigieuse Université de la Sorbonne portait sur la recherche de vie extra-terrestre par un invité spécial.

Une des conférences de l’événement ‘’Echo Event’’ qui s’est tenu à la prestigieuse Université de la Sorbonne portait sur la recherche de vie extra-terrestre par un invité spécial. En effet, l’astrophysicien de renom, Avi Loeb directeur du département d’astronomie de Harvard est venu présenter ses travaux sur la recherche de vie extraterrestre. En 2012, Time Magazine l'a élu l'une des 25 personnes les plus influentes dans le domaine spatial. Loeb a également écrit des livres à succès (Extraterrestrial :The First sign of Intelligent life beyond earth, publié en 2021) et participé à des expéditions pour enquêter sur les objets interstellaires. Ce sont des objets qui viennent de l'extérieur du système solaire et qui pourraient fournir des informations sur l'univers qui nous entoure.
Le professeur Loeb débute sa présentation en expliquant que la difficulté de la recherche sur les objets interstellaires est similaire à celle de chercher une aiguille dans une botte de foin. Cependant, les récompenses de la découverte potentielle d’un objet technologique extraterrestre seraient considérables, en fournissant des preuves de l'existence d'une vie extraterrestre.
Au cours des dix dernières années, trois objets interstellaires ont été découverts, dont un qui a été étudié en détail. Les propriétés d’un de ces objets, appelé Oumuamua, étaient inhabituelles, ce qui a conduit Loeb et d'autres scientifiques à spéculer qu'il aurait pu être fabriqué par une civilisation extraterrestre.
En plus de la recherche sur les objets interstellaires, Loeb s'intéresse également à des sujets comme la propulsion interstellaire et la recherche de planètes potentiellement habitables. Dans l'ensemble, sa recherche est centrée sur la compréhension de notre place dans l'univers et sur la possibilité de la vie extraterrestre.
Loeb rappelle que l'exploration spatiale peut sembler être un luxe coûteux, mais elle est en fait cruciale pour notre avenir en tant qu'espèce. En explorant l'espace, nous avons la possibilité de découvrir des réponses à certaines des questions les plus fondamentales au sujet de l'univers et peut-être même de trouver de nouvelles façons de préserver notre planète dans un monde en constante évolution.
Le professeur a récemment été intrigué par la provenance d'un objet interstellaire qui a été découvert le 29 août 2019 par un astronome amateur à Antigua. Il s'est demandé si certains de ces objets pourraient être d'origine technologique plutôt que naturelle, faute de ressembler à des roches familières à notre système solaire. Un objet interstellaire est un objet qui se déplace à une vitesse supérieure à la vitesse d'échappement de la gravité du soleil, tel que l’objet interstellaire Oumuamua cité par le professeur Loeb. Tout objet se déplaçant plus vite que la vitesse d'échappement est considéré d'origine interstellaire, venant donc de l'extérieur du système solaire. Le professeur Loeb a suggéré que l'objet était peut-être artificiel en raison de sa forme, qui ressemblait à une ‘’petite voile’’ ou à un revêtement sur un objet. Cependant, il admet qu'il n'a pas suffisamment de données pour soutenir cette hypothèse et considère que la recherche de preuves de vie extraterrestre est un impératif absolu pour l'humanité. Pour cette raison, il encourage les scientifiques à maintenir leur curiosité d'enfant et à ne pas craindre de suivre des théories inhabituelles. Le professeur a créé le Projet Galileo, pour la recherche d'objets technologiques qui circuleraient près de la Terre et qui pourraient avoir été fabriqués par des civilisations extraterrestres. Ils disposent d'un observatoire à l'Université de Harvard qui surveille en permanence le ciel et collecte des données sur des dizaines de milliers d'objets, analysées à l'aide de logiciels utilisant l'intelligence artificielle.
Il décrit ensuite le site de développement du projet Galileo, surnommé ‘’Pigeon Run’’. Le projet utilise une gamme d’instruments, dont des capteurs à champ large et étroit. Les premiers sont utilisés pour la sélection et le suivi des cibles, tandis que les seconds collectent des données de haute résolution sur des objets potentiellement anormaux.
L’instrument principal utilisé est nommé le ‘’Dalek’’, un ensemble hémisphérique de huit caméras infrarouges, ainsi qu’une seconde caméra optique. Ces instruments surveillent en continu le ciel, analysant en temps réel toutes activités potentiellement anormales.
Le système acoustique ‘’Amos’’ (acoustic monitoring, omni-directional system) est conçu pour détecter et enregistrer les signatures acoustiques anormales sur diverses bandes en temps réel, de l’infrason à l’ultrason. ‘’Amos’’ comprend une antenne pour enregistrer les données des transpondeurs d’aéronefs, facilitant la distinction entre objets connus et inconnus.
‘’Skywatch’’ est un radar passif multistatique. Ce système permet de détecter et suivre simultanément la position de différents objets.
Il y a également ‘’PAC-MAN’’, un système de surveillance environnementale pour mesurer les conditions météorologiques locales.
‘’Specter’’, un analyseur de spectre radio avec une antenne à large bande pour mesurer les émissions radio et micro-ondes.
‘’Beacon’’ est actuellement le seul instrument à champ étroit, une caméra panoramique inclinable avec un zoom optique (40 fois).
Ces systèmes forment la base de cet observatoire opérationnel à l’Université Harvard, collectant des données à l’aide de l’intelligence artificielle. Le professeur Loeb et son équipe tentent d’identifier des objets familiers comme des oiseaux, des ballons, des drones et des avions. Mais ils veulent aussi voir s’il y a quelque chose d’extraterrestre, car le gouvernement américain parle d’objets non identifiés et selon Avi Loeb, le ciel n’est pas classifié !
Le projet Galileo prévoit également de créer plusieurs autres sites d’observations pour recueillir des données, le prochain site devrait être situé au Colorado. Chaque site sera équipé d’instruments à un coût inférieur à un million de dollars. Il mentionne par ailleurs que des données satellites, pour observer les objets à partir du ciel, et pas seulement à partir du sol, sont utilisées et fournies par ‘’Planet Labs’’. (Planet.com)
Le projet Galileo prévoit aussi de recueillir des données sur des objets lointains, notamment des météores interstellaires. Avec huit articles publiés, l’équipe travaille sur l’analyse des données initiales et prévoit de publier davantage d’articles l’année prochaine.
Avi Loeb a aussi mentionné qu’il a supervisé une expédition (14 au 28 juin 2023) pour retrouver des restes d’un météore interstellaire, initialement découvert en 2014, tombé dans l’océan Pacifique. De plus, il partage régulièrement des résumés en temps réel sur Medium.com, attirant des millions de lecteurs à travers le monde. Des défis, tels que l’obtention de 1,5 million de dollars de financement, ont été surmontés, et une lettre officielle du Commandement spatial américain a confirmé l’origine interstellaire du météore. Les données du bolide générées par son explosion ont révélé une résistance matérielle exceptionnelle. L’expédition a impliqué 28 experts. La trajectoire de l’objet a été mieux localisée grâce à un sismomètre sur l’île Manus (Nouvelle-Guinée). Ce projet exploratoire est crucial pour comprendre les objets interstellaires selon lui.
L’explosion a permis de localiser l’objet en mesurant le décalage entre la lumière et le son. L’expédition s’est déroulée à bord du navire Silver Star. Des aimants ont été traînés sur le fond de l’océan pour collecter des échantillons de roche fondue provenant de l’explosion. Malgré le défi de la profondeur océanique de deux kilomètres et une région de recherche de 11 kilomètres carrés. Le chercheur a partagé des moments de l’expédition, y compris des photos de son jogging matinal et des discussions sur la recherche scientifique. Les particules collectées par les aimants ont été examinées au microscope, et des sphérules métalliques distinctes ont été découverte, chacune faisant moins d’un millimètre (environ 50 sphérules).
Tous les sphéroïdes recueillis lors de l’expédition ont été expédiés au domicile du chercheur, qui souligne le contraste entre le court retard de la livraison et les milliards d’années qu’a pris ce matériau pour atteindre la Terre.
Le chercheur a ensuite apporté tous les échantillons récoltés lors de l’expédition à Harvard, au laboratoire du Dr. Stein Jacobson, où une stagiaire d’été, Sophie Ferguson, a découvert finalement 600 sphéroïdes, obtenant ainsi le titre de “chasseuse de sphéroïdes”. Des images obtenues par microscope électronique révèlent la structure complexe des sphéroïdes, des sphères s’imbriquant l’une dans l’autre, semblables à des poupées russes. L’analyse a révélé des ratios d’isotopes de fer inhabituels comparés aux roches trouvées sur Terre, la Lune ou Mars. De plus, l'abondance d’éléments tels que le béryllium, le platine et l’uranium, des centaines de fois supérieures à la composition d’éléments que l’on retrouve dans le système solaire, serait une découverte inédite dans la littérature scientifique. Ces résultats laissent entrevoir la possibilité que ces sphéroïdes soient liés à un météore provenant de l’extérieur du système solaire.
Mais d’où peut bien provenir ce météore ? Loeb explique comment le météore a pu se former pour qu’on y retrouve des éléments tels que le béryllium ou l’uranium dans une proportion beaucoup plus élevée que les roches sur Terre. Il explique que dans un océan de magma, composé principalement de fer, ce fer s’associe à certains éléments avec lesquels il a une affinité et laisse les autres derrières (uranium, béryllium…) , ce qui expliquerait l’origine du météore.
Ainsi, il est envisageable que lors de la formation du système planétaire autour de Proxima Centauri (la plus proche étoile naine du système solaire), il y ait eu davantage de planètes que les trois existantes actuellement, certaines s’approchant de l’étoile et étant perturbées par la gravité. Contrairement au Soleil, qui n’est pas assez dense pour détruire la Terre par la force gravitationnelle, une étoile naine, généralement 100 fois plus dense que le Soleil, pourrait créer une éjection de roches dans l’espace lorsqu’une planète passe trop proche de l’étoile, donnant naissance aux météorites interstellaires. Ce qui pourrait bien être le cas de celle qui a explosé dans l’atmosphère de la terre et dont les sphéroïdes ont été retrouvés au fond de l’océan Pacifique.
Les chercheurs ont calculé la vitesse d’éjection qui peut atteindre généralement 60 kilomètres par seconde. Une origine naturelle pour le météore interstellaire peut donc être envisagée expliquant son abondance inhabituelle d’élément chimique tel que l’uranium ou le béryllium par la présence d’un océan de magma lorsque la planète s’approche de l’étoile, chauffant la roche à des milliers de degrés.
L’expédition pour retrouver les sphéroïdes du météore présentait des risques, tels que le besoin de financement, le recrutement d’ingénieurs et navigateurs ainsi que la fabrication d’outils adaptés pour collecter les sphéroïdes, avec des points de défaillance potentiels tels que le mauvais fonctionnement des équipements ou la perte des sphéroïdes. Malgré ces défis, la mission a été un succès grâce à une approche optimiste et à une collaboration fructueuse. Les principes directeurs du chercheur soulignent l’importance de suivre les preuves scientifiques, de s’appuyer sur des instruments bien calibrés plutôt que sur des témoignages, et de rester concentré sur la méthode scientifique, évitant les distractions des médias sociaux et des opinions non fondées.
Loeb mentionne que plusieurs pseudo-scientifiques sont très critiques au sujet de ces recherches sans avoir aucune notion scientifique. Il donne l’exemple d’un blogueur se vantant de ne pas avoir publié d’article scientifique depuis une décennie. Il souligne que certaines personnes se font appeler astrophysiciens malgré l’absence de contributions scientifiques. Il encourage à ne pas écouter ces prétendus représentants de la science, les comparant à des commentateurs de football sans expérience qui conseilleraient des joueurs professionnels. Loeb conseille aux jeunes de ne pas être ami avec de tels imposteurs, car ils ignorent souvent les faits et n’adhèrent pas à la méthode scientifique.
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